RT 2020 : qu’est-ce que ça change vraiment

Commençons par le commencement : la RT 2012 est la réglementation thermique aujourd’hui en vigueur pour toute construction immobilière neuve. Directement impulsée par la politique de développement durable actuelle, elle impose une consommation maximale en énergie primaire de 50 kWh/m².an.

Sachant que la moyenne nationale se situe plutôt autour de 240 kWh/m² par an, cette limite était déjà bien ambitieuse et a poussé les constructeurs à se pencher sur des maisons toujours plus passives et écologiques. Et le fameux BBC, ou Bâtiment Basse Consommation, au départ simple label de la RT 2005, a disparu pour devenir la norme !

Si l’efficacité énergétique des maisons de la RT 2012 fait déjà rêver, la RT 2020 se veut bien plus ambitieuse. En effet, il ne s’agira plus de construire un logement économe en énergie, mais de concevoir une maison produisant au moins autant d’énergie qu’elle n’en consomme, et même plus ! Et le concept de BEPOS, ou Bâtiment à énergie Positive, est né.

Autre nouveauté, les émissions de gaz à effet de serre du logement ou encore de ses matériaux de construction seront donc également pris en compte, et ce durant toute sa durée de vie.

Le premier critère pour construire un BEPOS est le même que pour un BBC : il s’agit de chercher à tirer profit de son environnement grâce à une conception bioclimatique. L’orientation et agencement des pièces sont ainsi soigneusement pensés pour profiter au maximum des apports naturels de chaleur et de lumière.

Le bioclimatisme permet ainsi de réduire les besoins de chauffage (et donc les émissions de gaz à effet de serre), tout en profitant d’une luminosité naturelle réduisant l’usage de l’éclairage artificiel.

Si elle est déjà au centre de toutes les attentions lors d’un projet de construction de maison individuelle « classique », la réglementation thermique RT 2020 encourage les entrepreneurs à toujours mieux isoler leurs constructions. Car avant de penser à réduire les dépenses énergétiques d’une maison, faut-il encore s’assurer de faire disparaître tous les ponts thermiques !

On privilégie l’isolation extérieure qui permet de mieux envelopper le bâtiment, ou encore les constructions compactes, plus facile à isoler. Et il ne sera plus rare de voir jusqu’à 30 ou 40 cm d’isolant pour garantir la parfaite étanchéité d’un bien immobilier !

Pour réussir à répondre aux exigences de la RT 2020 et atteindre un bilan énergétique positif, l’intégration d’un dispositif permettant de produire de l’énergie grâce aux énergies renouvelables sera une obligation. Panneaux solaires, poêle à bois, ballon thermodynamique ou encore puits canadien, vous n’aurez cependant que l’embarras du choix !

Autant d’installations qui permettront également de se rapprocher d’une autre ambition de la future norme : rendre les habitations plus autonomes en encourageant l’autoconsommation énergétique.

Au delà d’autoproduire ou d’autoconsommer son énergie, la RT 2020 cherche également à supprimer au maximum le gaspillage énergétique. Une ambition qui va entraîner ‘apparition de plus en plus systématique de la domotique dans nos maisons ! Thermostats intelligents, gestion programmable et pilotable à distance du chauffage, de l’éclairage ou encore de l’ouverture et de la fermeture des stores, la maison de demain sera résolument intelligente et se chargera de vous faire faire des économies sans que vous ayez (presque) à y penser !

Parmi les nouveautés apportées par la future réglementation thermique, le nouveau critère d’empreinte carbone aura un impact direct sur les matériaux choisis lors de la construction, puisque le CO2 émis en phase de fabrication ou leur recyclabilité sera désormais pris en compte. Les matériaux naturels comme le chanvre, le liège, la fibre de bois ou la laine de mouton pourraient par exemple devenir les nouveaux incontournables en matière d’isolation.

Et côté construction, rien ne dit que vous ne ferez pas bientôt construire une maison en roches volcaniques ou en briques de papiers et cartons recyclés  !

On connaît déjà les ingénieuses VMC double flux qui ont remplacé la ventilation naturelle de nos logements et récupèrent la chaleur de l’air vicié de nos intérieurs pour les ventiler tout en les réchauffant. Ou les leds, plus économes et plus durables, qui ont de leur côté supplanté les ampoules halogènes. Et on choisit dorénavant nos appareils électroménagers en fonction de leur étiquette énergétique, en privilégiant bien entendu la classe A.

Mais les innovations impulsées par l’arrivée prochaine de la RT 2020 sont loin de s’arrêter là et pourraient changer considérablement notre façon de concevoir nos lieux de vie. Les vitrages, en plus de leur pouvoir d’isolation phonique et thermique, se feront chauffants captant l’énergie solaire pour la rediffuser. En plus d’être décorative, la peinture deviendra isolante, réfléchissant astucieusement les rayons du soleil pour protéger les façades de la surchauffe. Nos douches recycleront leur propre eau en circuit fermé. Et la liste des possibles est encore bien longue !

Comme le futur arrive toujours plus vite qu’on ne croit, et même si la RT 2020 n’entrera en vigueur qu’en 2020 (d’où son nom !) pour les maisons individuelles, de nombreuses expérimentations sont déjà en cours en France.

La première maison certifiée BEPOS grâce au label Effinergie a par exemple déjà vu le jour à Ermont, en région parisienne. Une construction de conception bioclimatique, cela va sans dire, et réalisée à partir d’une ossature bois (au bilan carbone excellent). Côté isolation, elle compte pas moins de 40 cm d’épaisseur de matériaux isolants, incluant entre autres de la laine de roche. Enfin, la production d’électricité engendrée par ses près de 30 m² de panneaux photovoltaïques lui permettent d’afficher une consommation de -35,3 Kwh/m².an !

De quoi attendre 2020 avec une certaine impatience et avec l’assurance que les professionnels sauront parfaitement nous accompagner et nous guider dans cette nouvelle réglementation thermique !