Il convient tout d'abord de distinguer les deux types d'eaux usées d'une maison individuelle :
- les eaux ménagères ou « grises» issues de la cuisine, de la salle de bain ou encore de la machine à laver, et contenant savons, détergents ou encore graisses
- les eaux-vannes ou «noires», issues des WC et charriant matières fécales et urine.
Le recyclage des eaux usées ne concerne que les eaux ménagères, et en particulier celles provenant de la salle de bain (douche, baignoire et lavabo) et du lave-linge. Les eaux de la cuisine, très chargées en graisse, sont généralement exclues des systèmes de récupération, ainsi que les eaux des toilettes qui présentent un risque sanitaire élevé.
Ces eaux usées, contaminées en particulier par les détergents et autres produits nettoyants, peuvent être réutilisées pour d'autres usages, à condition de subir un traitement préalable. Elles peuvent ensuite être utilisées pour différents usages :
- l'arrosage du jardin ou des plantes d'intérieur
- la chasse d'eau des WC
- l'entretien extérieur de la maison
- le nettoyage de la voiture
- le lavage des vêtements (cette dernière utilisation demandant des précautions spécifiques).
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Je crée mon projetIl est évidemment impossible, et dangereux, de réutiliser les eaux usées sans un traitement adéquat permettant de les dépolluer. Et leur recyclage passe d'abord par un impératif : disposer d'un double réseau de tuyauterie : l'un raccordé comme il se doit au réseau public pour transporter l'eau potable, l'autre réservé aux eaux recyclées.
Ce dernier doit impérativement être en circuit fermé et sans aucune interconnexion avec le premier réseau, au risque de contaminer votre eau potable. Le recyclage des eaux usées est ainsi plus aisé s'il est réfléchi et mis en œuvre lors d'une construction de maison individuelle, même s'il reste possible en rénovation.
Côté pratique, la méthode la plus naturelle se base sur le principe de la phytoépuration, comme pour un système d'assainissement individuel écologique. Plusieurs bassins sont alors nécessaires pour s'assurer d'un bon nettoyage des eaux usées : un bassin de prétraitement pour éliminer les plus gros déchets par filtration (pouzzolane, sable…), un bassin de décantation et un dernier bassin planté de végétaux aquatiques (roseaux, carex, miscanthus, et bien d'autres) pour finir de filtrer et dépolluer l'eau.
D'autres dispositifs, plus ou moins sophistiqués et complexes à mettre en œuvre, voient également le jour, à l'image de celui conçu et commercialisé par un plombier de Seine-et-Marne, et qui a fait le tour du web en mars 2018, jusqu'à susciter l'intérêt de l'Élysée. L'invention en elle-même est très simple : un réservoir d'eau placé sous la douche ou la baignoire et équipé d'un filtre pour retenir poils et cheveux, permet de recueillir l'eau usée et de la redistribuer dans les toilettes.
Plus coûteuses, on trouve également des unités de recyclage destinées à recueillir non seulement les eaux usées provenant de la douche et de la baignoire, mais aussi du lave-linge ou du lavabo, pour les redistribuer, là encore, dans les WC après filtration.
Un choix qui se diversifie et vise en priorité à remplacer l'eau potable utilisée dans nos toilettes, qui représente environ 20% de l'eau consommée par foyer en France1 !
Pour éviter tout risque sanitaire, il est essentiel de mettre en place certains gestes pour sécuriser et faciliter le processus de dépollution de l'eau :
- limiter le stockage de l'eau recyclée dans le temps afin d'éviter la prolifération de bactéries
- privilégier les produits d'entretien biologiques, exempts de produits toxiques et éviter en particulier l'eau de Javel
- préférer également les savons naturels et biodégradables
- éviter la pulvérisation de l'eau recyclée, qui entraîne la diffusion de microparticules pouvant être inhalées.
Pour résumer, ne perdez jamais de vue que les eaux grises recyclées restent impropres à la consommation, et pour plus de sûreté, évitez d'utiliser tous produits que vous ne mettriez pas directement sur vos plantations…
Enfin, chaque point de distribution d'eau doit être parfaitement identifié grâce à une signalisation claire (étiquetage, pictogrammes, couleurs vives) afin d'éliminer tout risque de confusion entre l'eau potable et l'eau recyclée. Il en va de même pour les éventuels réservoirs de stockage, qui doivent impérativement être étiquetés « eau non potable ».
Écologique et économique, le recyclage des eaux usées de la maison a sans aucun doute un bel avenir devant lui et tend à se développer à travers le monde. La France reste cependant un mauvais élève en la matière, l'ANSES (l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) pointant le risque majeur de contamination du réseau d'eau potable2.
Gageons que les nombreux pays (Australie, États-Unis, Japon, Israël…) à autoriser, voire organiser, la récupération des eaux grises ouvriront la voie à la généralisation de cette pratique et qu'elle deviendra bientôt la norme pour toute construction de maison individuelle comme d'immeubles de logements collectifs !
1 : https://www.planetoscope.com/consommation-eau/1083-litres-d-eau-consommes-par-un-francais-aux-toilettes.html
2 : https://www.anses.fr/fr/content/r%C3%A9utilisation-des-eaux-grises-pour-des-usages-domestiques-une-pratique-%C3%A0-encadrer
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